Est-ce le démon du midi (envers le voyage et non la chair), la crise de la quarantaine (ou presque), la peur de manquer le bateau de la vie? Je ne sais pas, c’est dur à mettre le doigt dessus. Nos actions et nos choix n’ont pas toujours de justifications claires et évidentes.

Tout ce que je peux dire, c’est que chaque matin je suis la parade comme probablement plusieurs autres. La même routine sans cesse, un jour de la marmotte à quelques nuances près. Je prends le même trajet de voiture pour me rendre au train à chaque matin. Je fais la queue (file d’attente) pour avoir une place assise dans mon wagon. Une autre queue pour sortir du train. Et encore une autre pour prendre les escaliers à la sortie de la gare. Je traverse le même paysage dans les souterrains de Montréal pour me rendre au bureau. Pour finir avec une dernière queue pour prendre l’ascenseur vers mon étage. Ainsi de suite, jour après jour, sans arrêt. Ma vie du lundi au vendredi, Métro, Boulot, Dodo, est une série de moments à patienter sans aucun plaisir, sans aucune satisfaction.

Des fois, j’ai envie de sortir du moule et même parfois j’ose. Oui, chu de même moi!!! Dans ces moments de folie, au lieu d’attendre en motton (une masse de gens) pour entrer dans le train, je marche plus loin sur le quai pour éviter le troupeau de gens. Souvent, j’attends dans mon wagon une fois à destination pour laisser les gens sortir. Je peux ainsi profiter plus longuement de mon temps (comme pour poursuivre cet article) et marcher tranquillement vers la sortie sans avoir à faire une énième file. Comble de la rébellion, je prends les escaliers sous les regards des autres dans l’escalier mécanique qui se demandent ce que je fais. Des actions futiles et avec peu d’impacts, mais qui me donnent un sentiment de liberté, d’être wild. Ridicule j’en conviens, mais c’est quand même ça! Je prends chaque occasion qui passe pour égailler mon quotidien.

Et ce n’est même pas une question d’aimer ou non mon emploi (du moins, je pense…). Non, j’aime quand même les défis qu’il m’apporte et il fait appel à mes compétences et mes forces. Je ne me dénature pas dans mon travail. Quoique parfois, j’en viens à me demander si j’accomplis vraiment quelque chose à chaque jour et si tous mes efforts vont vraiment faire une différence. Oui, je fais une différence dans les dossiers de la compagnie, mais est-ce qu’il me reste de quoi au bout du compte? Est-ce que je vais laisser une marque ou avoir le sentiment du devoir accompli? À l’image d’un héritage indélébile comme la fierté d’un médecin ayant remis un patient sur la voie de la guérison, un enseignant ayant fait germer le goût d’apprendre à un élève ou encore l’entrepreneur ayant porté son entreprise vers des nouveaux sommets. Non, vraiment, je me demande que restera-t-il des projets que j’ai livrés ou des nouveaux systèmes dont j’ai contribué au déploiement? Une fois parti, il ne restera probablement rien de mon passage. Aucun souvenir ou trace de ma présence dans l’entreprise. Rien pour me rappeler que tout ce temps consacré à mon travail l’a été pour une raison autre que de ramener un salaire à la maison.

En y réfléchissant, j’ai été mis face à un dilemme comme l’oeuf ou la poule. Le goût d’un tour du monde ou la remise en question de mon parcours de vie. Lequel est venu en premier, lequel nourrit l’autre?

Impossible de séparer l’un de l’autre. Du plus loin que je me rappelle ma vie d’adulte, le casse-tête était déjà présent. Lorsque j’ai rencontré LA BONNE, j’ai atteint la croisée des chemins: soit prendre la route de l’aventure sans lendemain et voyager, soit y aller à fonds avec la vie de famille et embrasser la routine qui vient avec. Aucun regret sur ce choix puisque la routine a été entre-coupée de ces petites pointes d’aventures à coup de week-end ou de deux-trois semaines de vacances. Cependant, le temps étant ce qu’il est, il a vite fait de me rappeler qu’il n’attend pas les congés. Il progresse à son rythme en faisant fi de la fatigue et des moments disponibles pour profiter de mon choix, de ma famille. Déjà une décennie avec les enfants et j’ai à peine profité d’eux une fraction du temps que j’ai consacré à mon travail. Une autre décennie et ces moments ne seront plus disponibles, ils seront passés sans jamais pouvoir les revivre à nouveau. En y repensant, ce ne sont pas les attentes que j’avais en choisissant cette voie. La famille était mon choix non pas comme acteur de soutien, mais comme acteur principal. À défaut d’être mal compris, j’en passe du temps avec mes enfants, mais malgré cela, j’ai le sentiment de passer à côté de quelque chose, de regarder passer leur parade.

Je ne me souviens plus de l’élément déclencheur qui m’a fait poser la question Et si on partait? à ma petite famille. Impossible pour moi de me souvenir de l’état dans lequel j’étais. Aucune idée de ce qui a fait germer la graine. Tout ce que je sais, c’est que la décision a été prise et qu’il n’y a pas eu de regard en arrière. La suite s’est faite sans friction comme si ce voyage avait toujours été une partie intégrante de mon plan de vie. Ainsi, le tour du monde n’est peut-être pas l’aboutissement d’une remise en question, mais plutôt la prochaine étape dans mon parcours de vie. Non, en y réfléchissant bien, je ne pense pas que c’est la crise de la quarantaine ou quoi que ce soit. C’est simplement la routine qui a pris le dessus sans que je m’en rende compte et maintenant, je fais un pas en arrière pour repartir vers le bon chemin.

En faisant le saut dans cette nouvelle aventure, je ne fais pas une remise en question. Je fais surtout une pause pour passer une année avec ma famille, 365 jours ou 5110 heures. Si mes calculs sont bons, prendre ce « break » familial, c’est l’équivalent de récupérer deux années et quart. Oui puisque durant cette année, mon temps sera majoritairement pour profiter d’eux sans toutes les autres distractions du quotidien comme le travail qui bouffe une portion de ce temps précieux. Du rattrapage intensif! Non seulement je vais profiter de ma famille, mais je vais également profiter de moi. J’ose à peine imaginer … une année sans penser au travail, sans le stress qui vient inévitablement avec lui. Des moments de réflexions pures et non édulcorées. J’ai toujours cru que le bonheur dans la vie était composé d’une série de vases communicants dont un pour la famille, un pour le travail et un pour le Moi. Alors en éliminant l’une des sphères de l’équation, je n’aurai plus que deux sphères sur lesquelles me concentrer. Une situation assez rare dans la vie d’une personne si on exclut la retraite. Pendant le voyage par contre, ce sera Bonjour la remise en question puisque la machine à méninges sera libre d’aller dans tous les sens sans entrave.

Non, à bien y penser, partir autour du monde avec sa famille, c’est tout le contraire d’une remise en question puisqu’il s’agit de faire un choix. Tout un choix! Il ne faut pas chercher de midi à quatorze heures, décider de faire un tour du monde n’est pas exceptionnel en soi. C’est seulement la vie qui frappe à la porte pour me rappeler le chemin parcouru et m’en proposer un nouveau. Un petit ajustement quoi! Une mise à niveau, rien de plus!

6 Commentaires

  1. Pierre-Louis 2 mai 2018 at 10:47

    Ce que je retiens de mon tour d’Asie de 5 mois avec mes trois enfants, c est la connexion qui s’est completement établi. Un lien qui est créé à jamais, un lien qui n’aurait jamais été sans le voyage. Un an après, on retrouve nos vieilles pantoufles, mais elles ne sont plus les mêmes… on a pu voir notre vie de l’extérieur et il y a moyen de tout relativiser . Il y aura clairement un avant et un après et il faut profiter du momentum. Il ne faut pas le nier.
    Profitez de chaque moment… à distance, même les pires moments de notre voyage sont devenus de beaux souvenirs. Je te redonne l’adresse de notre blogue pour vous inspirer.
    http://Www.lesairoldisenasie.wordpress.com

    1. David 3 mai 2018 at 11:22

      Merci pour le commentaire Pierre-Louis! Votre blogue a été l’une de nos premières inspirations pour cette aventure. Oui, il faut profiter un moment à la fois.

  2. taous 7 mai 2018 at 1:37

    Un article qui me parle!!!

    1. David 7 mai 2018 at 11:29

      Oui, nous sommes beaucoup dans cette situation. Il ne faut pas hésiter à faire le saut.

  3. Karine 16 mai 2018 at 11:05

    Tu as une belle plume David. Bravo! Profitez de ces merveilleux moments en famille. Ils sont si précieux:)

    1. David 16 mai 2018 at 11:51

      Merci Karine! Oui, il faut en profiter pendant que ça passe!

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